PEINTURE ET COULEURS
Il n’est pas nécessaire d’avoir une collection de tubes de couleurs dans sa boite de peinture. Une variante de chaque primaire suffit. Les couleurs primaires sont les seules que l’on ne peut obtenir par mélanges, elles sont la base même des effets colorés :
LE ROUGE – LE JAUNE – LE BLEU , à partir de ces trois là on obtient toutes les autres, même le noir !
LE NOIR
Le noir n’est pas une couleur mais l’absence de couleur, l’absorption de la lumière, l’annulation de rayonnement. C’est pourquoi il ne faut pas mélanger une couleur avec du noir pour la foncer, cela crée une irrégularité de rayonnement. Le noir absorbe la lumière, le pigment coloré rayonne sa couleur, un déséquilibre s’impose, la couleur semble salie, elle s’éteint.
Le noir s’utilise seul, plein, pur. Le mieux est de poser un fond de couleur pure et dense avant de placer dessus le noir afin d’annuler la sensation d’absence de rayonnement et de lui donner une profondeur, une densité.
On peut réaliser l’illusion visuelle d’un noir avec les couleurs primaires. Un mélange subtile des trois couleurs, que nous verrons plus loin, renvoie le rayonnement de chaque teinte qui ensemble donnent l’effet d’un noir. Celui-ci est dense, sans absence, présent dans l’œuvre au même niveau que les autres mélanges.
Nous l’appellerons « noir maison ».
CHAUD – FROID
On classe les couleurs dans deux grandes familles : Les couleurs chaudes – Les couleurs froides
Pour mémoire :
Les couleurs qui se rapportent aux éléments à sensations de chaleur sont : les jaunes – les orangés – les rouges – les marrons , comme le désert de sable, le feu, la terre.
Les couleurs qui se rapportent aux éléments à sensations de froid sont : les bleus – les violets – les verts , comme l’eau, la glace, l’atmosphère, la végétation.
MAITRISER LES MELANGES
Quoi de plus captivant que les mélanges pour obtenir une couleur adéquate ? Quoi de plus triste qu’un vert, un rose ou un orange sortis du tube ? Je trouve qu’une couleur de mélanges sur la palette a plus de densité que celle sortie du tube. L’artiste laisse dans sa touche une part de sa quête ce qui donne plus d’âme au tableau.
CHOISIR SES COULEURS PRIMAIRES
12 couleurs suffiront largement, valable pour la peinture acrylique, huile ou gouache, sachant qu’il y a des variantes d’appellations en fonction des marques.
LES JAUNES :
jaune de cadmium clair
jaune hansa clair (basic = citron)
jaune de cadmium moyen (basic = jaune primaire)
LES ROUGES :
rouge de cadmium clair (basic = tendance vermillon)
rouge de cadmium foncé
rouge quinacridone (basic = carmin)
rouge magenta foncé (basic = rouge primaire)
LES BLEUS :
bleu de cobalt
bleu de céruléum ou cyan (facultatif) (basic = bleu primaire)
outremer foncé
bleu de prusse
bleu phtalocyanine
BLANC de titane ou de zinc (ne devient pas gris dans le temps)
Chaque couleur a un rôle bien spécifique pour obtenir des mélanges précis, par exemple un violet ne pourra pas être obtenu avec un rouge de cadmium et un bleu phtalocyanine.
QUELLE COULEUR POUR QUEL MELANGE ?
>Jaune hansa clair et cadmium clair pour :
jaunes à tendance froide
les verts printemps,
verts froids,
les oranges clairs,
le noir maison
>Jaune de cadmium moyen pour :
les oranges,
les bruns,
les verts à tendance chaude
>Rouge magenta et rouge quinacridone pour :
les violets
les mauves,
les roses vifs,
les bruns à tendance froide,
le noir maison
>Rouge de cadmium clair et foncé pour :
les oranges,
les bruns chauds,
les roses à tendance chaudes
> Bleu de cobalt et outremer pour :
les bleus profonds,
les violets,
les verts éteints
noir maison (si pas d’autre bleu foncé)
>Bleu de prusse, bleu phtalocyanine et céruléum ou cyan pour :
les verts intenses,
les turquoises,
les bleus marins,
pour noir maison : le prusse ou le phtalocyanine
LES MELANGES Sur sa palette, poser séparément les couleurs de base, espacées et non les unes sur les autres pour le mélange. Prendre un peu de la première couleur du mélange et la poser plus loin sur la palette dans un espace disponible. Puis aller chercher un peu de l’autre couleur au fur et à mesure et mélanger jusqu’à obtenir la teinte désirée.
Commencer toujours par la couleur la plus claire pour le mélange et ajouter petit à petit les plus foncées, ainsi le dosage se fait avec justesse et vous ne videz pas vos tubes sans modération.
Pour le noir maison commencer par le bleu.
GUIDE DE MÉLANGES POUR LES COULEURS LES PLUS COURANTES :
Pour écourter le suspens du noir cité précédemment, commençons par le NOIR MAISON :
Bleu de prusse + un peu moins de magenta foncé (ou rouge quinacridone foncé)
Faire un violet foncé à dominante bleue, ajouter petit à petit une pointe de jaune hansa clair ou cadmium clair jusqu’à ce que le mélange ait des moirages vert foncé, le noir est réussi.
Pour vérifier la justesse du noir, en poser un peu à part et ajouter un peu de blanc, vous obtenez un gris qui révèle si le mélange est juste ou à tendance bleue ou rouge. Dans ce cas rééquilibrer le noir en ajoutant une pointe de couleur opposée à la dominante et une pointe de jaune.
Composer un noir maison est une exploration délectable du mélange.
LES ORANGES
On peut faire des oranges avec tous les rouges et tous les jaunes, mais en fonction du choix et du dosage de chacun on obtient différentes nuances de oranges.
ORANGE CLAIR :
Beaucoup de jaune Hansa clair ou de cadmium clair + une petite pointe de rouge de cadmium clair
ORANGE VIF :
Beaucoup de jaune de cadmium moyen + un peu de rouge de cadmium clair ou une petite pointe de rouge quinacridone
ORANGE FONCÉ
jaune de cadmium moyen + un peu de rouge cadmium foncé ou de magenta foncé
LES JAUNES :
Le jaune hansa clair (ou citron) fait partie des jaunes à tendance froide. On peut modifier un jaune et le chauffer en ajoutant une particule de rouge. Pour une dose infime nous dirons « crotte de mouche »= cdm*
JAUNE ‘OR
Beaucoup de jaune de cadmium moyen + une cdm* de rouge de cadmium clair
OCRE JAUNE
Faire un orange de valeur moyenne, ajouter une cdm* de bleu outremer ou bleu de cobalt, (les autres bleus accentueraient la tendance verte).
Selon le rouge choisi pour composer le orange, l’ocre jaune a des variantes à tendance chaude ou froide. Ne pas faire le orange de départ trop clair car on obtiendrait des verts à tendance chaude.
JAUNE DE NAPLES
Beaucoup de blanc + une petite pointe de jaune de cadmium moyen + une cdm* d’ocre jaune
LES BRUNS
Faire un orange moyen et ajouter une pointe de bleu on obtient un marron mais en fonction du brun désiré choisir ses couleurs de base pour le orange :
BRUN CHAUD
Orange de départ avec jaune de cadmium moyen + rouge de cadmium clair ou foncé + une petite pointe de bleu outremer ou cobalt ou phtalocyanine
BRUN FROID
Orange de départ avec du jaune de cadmium moyen + du magenta ou rouge quinacridone + une pointe de bleu outremer ou prusse ou phtalocyanine
BRUN CLAIR
Orange de départ plutôt clair, avec un jaune de cadmium clair + un peu de rouge de cadmium clair + une pointe de bleu de cobalt ou céruléum
BRUNS FONCÉ
Orange de base foncé avec le jaune de cadmium moyen + magenta foncé ou quinacridone foncé + une pointe de bleu outremer ou phtalocyanine ou prusse
LES VERTS
On peut faire des verts avec tous les jaunes et tous les bleus mais en fonction du choix des couleurs de base du mélange et de leur dosage on obtient des variantes de nuances de verts. Selon le dosage des bleus dans le jaune on obtient des verts plus ou moins foncés ou clairs et plus ou moins denses.
VERT CLAIR VIF
Beaucoup de jaune hansa clair ou jaune cadmium clair + une petite pointe de bleu céruléum ou phtalocyanine ou une cdm* de bleu de prusse
VERT FONCÉ VIF
Un peu de jaune de cadmium clair + une pointe de bleu de phtalocyanine ou bleu de prusse
VERT ÉTEINT
Pour des verts moins intenses utiliser le bleu outremer pour les verts foncés ou le bleu de cobalt pour les verts clairs . Valable pour les gris colorés verts.
VERTS TRÈS FONCÉS
Pour foncer encore plus un vert, ajouter au mélange une petite pointe de magenta ou rouge quinacridone.
VERTS CHAUDS
Les verts dit « chauds » sont les verts kaki variant de nuances bleues à des nuances brunes.
Faire un vert de valeur moyenne, ajouter une petite pointe de rouge de cadmium clair pour un vert kaki clair.
Faire un vert foncé + une petite pointe de rouge de cadmium foncé pour un vert kaki foncé.
A vous d’expérimenter les dosages justes pour des valeurs de verts kaki souhaitées.
BLEU TURQUOISE
On ne peut pas obtenir de bleu turquoise avec un bleu outremer, ni un bleu de cobalt :
Bleu de prusse ou bleu phtalocyanine ou bleu céruléum (ou cyan) pour un turquoise clair + une cdm* de jaune hansa clair ou cadmium clair.
Pour éclaircir le turquoise ajouter une pointe de blanc.
VIOLET
On ne peut pas obtenir de violet avec n’importe quel rouge ni n’importe quel bleu. Seuls les rouges magenta ou quinacridone (garance) + seuls les bleus outremer ou cobalt ou cyan (primaire)
Selon le dosage de bleu ou de rouge le violet s’orientera vers les violets rouge ou mauves soit vers les violets bleus.
Pour éclaircir un violet on ajoute une pointe de blanc.
ROUGE VERMILLON
Le rouge vermillon est un rouge qui tend vers le orange.
Beaucoup de rouge de cadmium clair + une petite pointe de jaune hansa clair ou jaune de cadmium clair
ROUGE BORDEAU
Le rouge bordeau est un rouge violacé trompeur :
Rouge de cadmium foncé ou rouge quinacridone + une petite pointe de bleu outremer ou phtalocyanine + une cdm* de jaune hansa clair ou jaune cadmium clair
ROSE CHAIR
On peut plus ou moins éclaircir la couleur de peau en dosant plus ou moins de blanc.
jaune hansa clair + une petite pointe de rouge de cadmium clair + une cdm* de bleu phtalocyanine ou cobalt + beaucoup de blanc
Pour des peaux méditerranéennes, choisir un jaune de cadmium moyen et un rouge de cadmium foncé, puis doser le blanc.
VIEUX ROSES
Les vieux roses sont des mauves changés et éclaircis :
Faire un mauve + une cdm* de jaune hansa clair ou cadmium clair + beaucoup de blanc
On peut obtenir des vieux roses plus ou moins foncés à nuances variées selon la tendance plus ou moins rouge du mauve de départ et le dosage de blanc.
LES GRIS
Les gris s’obtiennent avec du noir maison ou du noir du tube + du blanc
En fonction du dosage de blanc on obtient des valeurs de gris du plus clair au plus foncé.
Pour les gris colorés, on part avec le noir maison dans lequel on va accentuer le dosage d’une des couleurs primaires pour apporter une teinte colorée au gris + du blanc
Les gris colorés sont aussi une exploration des mélanges captivante.
OMBRES ET LUMIERES DES COULEURS
Pour éclaircir une couleur il n’est pas systématiquement nécessaire de mettre du blanc.
Les verts, les oranges, les bruns peuvent être plus clairs en dosant plus de couleur primaire claire au mélange.
Pour les violets, on s’oriente soit vers des mauves, soit vers des violets bleus mais on est obligé de prendre du blanc pour les éclaircir.
Le blanc atténue la densité lumineuse du mélange pur. Il adoucit.
Pour foncer une couleur on ne met surtout pas de noir.
On fait le mélange correspondant à la teinte désirée avec les couleurs de base les plus foncées et on dose moins la couleur la plus claire du mélange.
Pour obtenir une teinte encore plus foncée que celle du premier mélange, on ajoute une pointe de la couleur opposée : si la couleur du mélange est de la famille des Chauds, on ajoutera une petite touche de couleur froide (le plus souvent la complémentaire*).
Exemple : pour foncer un vert on ajoutera une petite touche de rouge foncé. Pour foncer un rouge on ajoutera un petit peu de bleu foncé + une pointe de jaune (vert). Pour foncer un orange on s’oriente vers les bruns et pour foncer un violet on s’oriente vers le noir.
*La complémentaire est la couleur manquante au mélange pour retrouver l’harmonie visuelle du cercle chromatique
à vous
Voilà une bonne base de travail pour laquelle j’ai consacré beaucoup de temps, pour le plaisir de transmettre et de partager, que chacun s’épanouisse.
À vous de partir à la découverte de ces mélanges, de les vivre, de les ressentir, donc de les mémoriser.
Vous allez voir que l’on se laisse posséder par l’alchimie des couleurs, cela devient un plaisir épidermique et viscéral. Vous allez comprendre qu’un tableau sans la quête de mélanges a moins de vie.
N‘hésitez pas à faire connaître à vos amis explorateurs de mélanges en peinture cet article ouvert à tous.
Bonjour
En réponse à votre question : Le sable blanc est un gris coloré à tendance jaune, très très claire. D’abord beaucoup de blanc, à côté un mélange (en petite quantité) de jaune hansa clair + une pointe de rouge soit magenta soit quinacridone pour faire un orangé à casser avec une cdm de bleu cobalt, vous obtenez un gris foncé, apporter une pointe de ce gris dans le blanc puis ajouter au fur et à mesure un peu de jaune pour obtenir la teinte désirée. Sans démonstration, c’est difficile d’être précise, à vous d’expérimenter les mélange et de trouver les bons dosages à partir de ces conseils.
Pour un sable plus jaune le principe est le même mais choisissez un jaune de cadmium moyen.